J'ai testé pour vous l’IA pour la retouche photo
Par Rémy Pilliard
En 2024, coup sur coup plusieurs concurrents d’Adobe ont lancé une nouvelle version de leur logiciel en ajoutant l’Intelligence Artificielle (IA) à la retouche photo. Le point pour y voir plus clair en fonction de ses besoins propres sur 3 logiciels : Photolab8 de DxO, Photo RAW 2025 de ON1 et Luminar Neo 1.21 (2025).
Une image à forts contraste utilisée pour tester les AI axées sur cette correction.
Un choix difficile pour l’utilisateur
Les logiciels de retouche photo, on pourrait aussi dire d’amélioration des photos, proposent désormais tous d’excellentes innovations. À quoi s’ajoutent leurs prédispositions particulièrement bien étudiées pour couvrir les besoins les plus exigeants. Même l’hégémonie des logiciels Adobe est remise en question, ce qui démontre les capacités impressionnantes de ces concurrents. Pour savoir que se mettre sous le sapin pour faire sa retouche comme des pros, il va falloir que vous définissiez vos critères personnalisés pour les départager. Nous allons donc essayer de vous aider dans ce sens, avec une présentation des particularités ou des fonctionnements spécifiques de chacun de ces trois. Ensuite, selon ce qui vous conviendra, à vous de faire votre choix.
Trier avec ON1
Généralités et similitudes
Tant DxO Photolab 8, ON1 PhotoRaw que Luminar Neo fonctionnent sur le principe d’un gestionnaire d’image et d’un éditeur. Selon le logiciel, il y a également une section dédiée à l’application de préréglages ou filtres (ON1, DxO) alors que pour Luminar Neo, c’est un troisième onglet. Pour la gestion des images, le catalogue (Luminar Neo), browse (ON1) ou la photothèque (DxO), permettent de gérer les images qui peuvent s’afficher sous forme d’un tableau. Les fonctions de copie ou déplacement comme sous Windows avec la touche majuscule ou control ou sur Mac les touches command ou option sont utilisables de la même manière. Ce qui change principalement par rapport à un logiciel comme Lightroom, (sauf pour Luminar Neo) c’est qu’il n’est pas nécessaire d’importer les images pour qu’elles apparaissent dans le catalogue, mais ce n’est pas exclu de le faire, par exemple lors du transfert de la carte mémoire vers le disque dur.
3 logiciels utilisant l’AI sous la loupe
À chacun sa spécialité
Comme plus ou moins présenté dans l’introduction, il va être difficile de départager ses logiciels uniquement en fonction d’une seule aptitude. En effet, chacun de ces logiciels a des avantages qui s’adressent à des catégories de photographes distincts. Par exemple, et cela ressort aussi de leurs présentations et de leurs publicités, certains mettront plus l’accent sur la justesse des couleurs alors que d’autres mettront plus les détails ou la correction précise en avant. Les illustrations sont des montages axés sur une seule utilisation de l’AI, celle qui consiste à optimiser le contraste de l’image. Par contre, pour chaque logiciel présenté, nous vous présentons ici les points mis en avant dans leur présentation respective.
Un résultat parmi d’autres, proposé par DxO Photolab8
DxO, Photolab8 disponible depuis mi-septembre 2024
Peu après la sortie de Photolab8, DxO a également annoncé deux extensions disponibles soit en complément de Photolab soit comme plugin pour d’autres logiciels de retouche photo : Pure Raw (traitement RAW) et View Point (corrections et maîtrise de la géométrie). Chacune de ces extensions s’intègre facilement à la version complète de Photolab8 aux côtés de film Pack (permettant d’imiter les films argentiques avec leurs caractéristiques propres) et la Nik Collection, (suite de filtres et d’effets). Le point principal à relever est que DxO, quasiment depuis la sortie de la première version de Photolab, travaille en tenant compte des caractéristiques de l’appareil et de l’objectif associé pour la prise de vues. Ainsi, si une combinaison fait apparaître une distorsion, par exemple, celle-ci sera automatiquement traitée lors du travail du fichier RAW, sans intervention de l’utilisateur. Ceci dit, la nouvelle version 8 met l’accent sur un traitement du bruit et le dématriçage des images (grâce au produit intégré appelé Deep Prime XD2s). Les essais que nous avons effectués, avec peu d’expérience ne sont pas aussi concluants que la présentation sur leur site mais à l’usage, c’est très certainement accessible. L’accent de la version 8 est également mis sur le traitement perfectionné de la couleur en vue de présenter des images parfaites. La gestion des images est également un des points fort de ce logiciel.
À noter que le logiciel est en vente par achat définitif de la licence et ne propose pas de système du genre de location ou paiement annuel.
Illustration d’exemple de DxO Photolab8
ON1 Photo RAW 2025 disponible depuis fin octobre 2024
La présentation de ON1 sur son site parle de révolutionner la retouche photo en y ajoutant une fonction génératrice de portions d’image. Typiquement, en remplaçant un véhicule dans une image, ON1 est censé rétablir ou recréer la partie qui correspond au mur de briques (par exemple) qui serait derrière ce véhicule, en comparant ce qui se trouve autour de l’objet effacé. Mais l’accent pour cette nouvelle mouture, est également mis sur les tâches automatisées, l’amélioration automatique des couleurs (renforcement ou adoucissement) ainsi que sur l’organisation des images dans les fonctions de workflow. De nombreux modèles, filtres et autres fonctions préprogrammées sont à disposition de l’utilisateur. Comme chez DxO, la correction de la géométrie et des perspectives est associée à une IA. Différents essais effectués ont montré d’excellent résultats et comparativement aux deux autres présentés ici, difficile de trouver des avantages significatifs pour l’un au l’autre lorsqu’on à affaire à l’IA.
Le logiciel est disponible en plug-in ou standalone par achat définitif.
Illustration d’exemple de ON1 Photo RAW 2025
Luminar Neo 1.21 disponible depuis octobre 2024
Luminar Neo met l’accent sur l’édition et la retouche facile. Beaucoup de fonctions sont assistées par l’IA. Que ce soit le simple traitement RAW, la correction de la luminosité et des couleurs, le filtrage, l’ajout d’effets, le traitement pour un rendu proche de la pellicule, des préréglages, des améliorations locales, tout peut être accompagné par l’IA.
Lorsqu’on ouvre Luminar Neo pour la première fois, l’interface est inhabituelle et ne ressemble pas à celle de ses concurrents. On retrouve bien certains éléments comme des onglets (catalogue, préréglage ou édition) mais one ne sait pas trop par où commencer. Ce n’est pas évident mais après quelques tâtonnements, on comprend vite le fonctionnement. Le système des années 2000 avec les menus est vite assimilé et la suite vient presque instinctivement. Par contre et contrairement aux deux autres présentés ici, on ne peut pas accéder directement aux dossiers et fichiers d’images. Comme pour certain logiciels (Adobe, Capture One), les images doivent d’abord être importées avant de pouvoir les traiter. Cela fait, le logiciel montre alors une quantité de capacités à gérer et améliorer, voire embellir vos images. Dans le menu d’édition qui apparait sur la droite de sa fenêtre, ce ne sont pas moins de 38 possibilités d’amélioration ou de traitement qui vous sont proposées dont 15 utilisent l’IA. Toutes, une fois appliquées, sont ensuite également modifiables à l’aide de curseur et, selon le processeur de votre ordinateur, la modification apparaît rapidement à l’écran.
Illustration d’exemple de Luminar Neo 1.21
Conclusion (ou presque …)
Pourquoi presque ? Simplement parce que la conclusion vous appartient, en fonction de vos exigences, de vos choix de travail, de vos intentions sur le traitement des images et vos espoirs de sortir des images parfaites pour vous. On a donc un logiciel qui se base principalement sur l’embellissement des images et les corrections, Luminar Neo, et deux logiciels qui combinent la gestion de stock d’images avec le traitement de celle-ci, incluant la retouche, la correction et l’embellissement assistées par l’IA. ON1 propose des solutions intégrées (filtres, modèles ou composition prédéfinies ou modifiables) avec des améliorations assistées par l’IA et DxO (Photolab8) met l’accent sur les appareils et l’optique utilisés et des couleurs parfaites, en proposant simultanément des accompagnants pour la retouche et l’amélioration.
Les trois logiciels sont disponible sur Mac et sur PC sous Windows, (10 ou 11) mais un bon processeur et une quantité de mémoire importante (+de 16Go) sont conseillés.
Achat ou « location » (sous forme de paiement annuel ou mensuel) ? :
• DxO Photolab8 n’est disponible qu’à l’achat définitif, avec prix réduit pour les mises à jour
• ON+ Photo RAW 2025 et Max2025 est disponible en version logiciel seul (standalone) ou plug-in pour de très nombreux autres logiciels de traitement d’image à l’achat définitif avec prix réduit pour les mises à jour
• Luminar Neo est disponible à l’achat définitif ou sur abonnement annuel.
Chronique par Rémy Pilliard
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