Pour cette nouvelle année, le test de matériel proposé élève le niveau vers les professionnels et les amateurs expérimentés et exigeants. Et ces derniers sont servis. Il faut dire que Canon n'a lésiné ni sur la technique ni sur les moyens pour répondre à passablement de demandes très pointures du monde de la photographie.
Au déballage déjà, la « bête » impressionne: un peu plus de 800g pour le boîtier nu, donc plus d'un kg avec objectifs et batteries. Petits bras et frêles gabarits s'abstenir. Par contre, pour la stabilité à bout de bras, c'est un bon argument. Ensuite « elle » impressionne par son aspect, sa prise en main et sa finition. Il n'y a pas à dire, esthétiquement réussi et agréable au toucher, ergonomique avec des boutons de commande bien situés à portée de doigts. Un léger bémol, toutefois et à mon avis: comme cet appareil est visiblement destiné à des mains solides ou musclées, pour ne pas dire de grosses « pognes », les boutons arrières en haut, à portée de pouce ainsi que les boutons devant l'écran de contrôle sur le dessus sont un peu petit. (WB, AF-DRIVE et ISO, principalement)
Après l'aspect, la prise en main. Sa surface caoutchoutée sur un châssis en magnésium lui confère une prestance et un touché agréable. Malgré son poids, je me suis baladé parmi les marchés de Noël d'Alsace pendant plusieurs heures, caméra au poing, sans qu'il ne devienne un fardeau. Solide, robuste et à l'épreuve des intempéries, j'avais avec moi un appareil de baroudeur et un outil agréable à l'usage. C'est un appareil qui plaira certainement à la catégorie des photographes professionnels de terrain, plus probablement que pour la photo d'intérieurs, sans préjuger ni vouloir limiter les capacités de ce 7D.
Justement, des capacités, ce n'est, de loin, pas ce qui fait défaut. Jugez plutôt:
un capteur 2x3 CMOS APS-C de 18 Mpix, une sensibilité pouvant monter à 12'800 ISO avec une qualité remarquable et un bruit très peu perceptible, 8 images à la seconde, un système de mesure extrêmement rapide, un autofocus de même, un capteur de luminosité et un posemètre associé dit intelligent, capable de mesurer l'exposition sur le sujet principal et d'en adapter la luminance et la couleur dominante pour gérer l'exposition (parfaite), 19 collimateurs AF capables de collecter des informations extrêmement rapidement et d'adapter la mise au point en un temps record, un viseur également intelligent, couvrant 100% de la zone d'image et affichant tous les paramètres reproduits sur l'écran de contrôle (et même plus puisqu'il y a un niveau axial double permettant d'équilibrer l'horizon), un écran LCD arrière, non amovible, hélas, de 7,6 cm de diagonale (3 pouces ) que j'ai trouvé légèrement mat, ce qui supprime efficacement les reflets sans modifier la visualisation des images ou du live-view (techniquement, c'est dû au fait qu'il n'y a pas de vide d'air entre la couche de cristaux liquides et la couche de « verre » de protection), un transmetteur speedlite intégré permettant de piloter d'autres flash similaires à distance et sans fil, un flash intégré à large couverture capable d'illuminer des zones couvertes par un grand angle de 15mm (effectif), une balance des blancs automatique ou réglable manuellement par pas de 100°K, avec enregistrement des valeurs, plus toute une panoplie de fonctions utiles à la réussite de clichés professionnels, dont, comme tout appareil qui évolue dans cette catégorie, la touche de contrôle de la profondeur de champ.
Après la technique et la théorie, la pratique! Comme déjà précisé, je me suis promené à travers les marchés de Noël d'Alsace, par une température glaciale, sans aucune influence sur la prise de vue ou la qualité des images. Le viseur offre des possibilités de réglages de dioptries, fort agréable pour les porteurs de lunettes et l'oeilleton est suffisamment large pour ces cas. On appréciera également de voir l'entier de l'image (100%) à travers le viseur, tout en profitant du nombre de paramètres qui y sont affichés. Il n'est évidemment pas possible de photographier en regardant dans le viseur avec le live-view en fonction puisque le miroir se relève pour permettre au capteur de travailler. Malgré le nombre impressionnant de fonctions et de possibilités offertes par l'appareil, la maîtrise de ce 7D est rapidement acquise. Certes, il vaut mieux passer d'abord en revue toutes ces possibilités, de préférence au calme et avec le mode d'emploi. Mais un photographe chevronné aura vite trouvé ses marques. Quoi que, certains petits détails ou habitudes par rapport à d'autres appareils concurrents doivent d'abord être maîtrisés. Par exemple, l'emploi du petit « joystick » n'est pas comparable d'un appareil à un autre et il convient de s'y adapter. La grande roue arrière fonctionne en sens giratoire alors que d'autres fonctionnent par pression. Ça relève de l'anecdote car c'est propre à tous ceux qui changent de marque.
Sans équipement spécifiquement dédié à l'analyse des images numérique, il est difficile de porter un jugement sur les photos produites par cet EOS 7D. Cependant, avec un bon ordinateur et des logiciels de traitement de l'image de pointe, on peut déjà se forger une opinion et faire des comparaisons. En l'occurrence, mes photos de nuit d'un marché de Noël, prises à 1600 ISO avec un réglage manuel de la balance des blancs me donne des images de qualités que je considère comme exceptionnelle. Même agrandies d'un facteur 8, je n'arrive pas à déceler de bruit dans les grandes zones sombres. C'est vrai qu'avec une résolution de18 Mpix pour une qualité du détail qui réponde aux attentes les plus exigeantes, il fallait que les ingénieurs de Canon réalisent des prouesses. Traiter tant d'informations simultanément tout en éliminant le bruit, cela semble réussi avec le nouveau processeur DIGIC4.
On ne saurait terminer ce tour d'horizon sans évoquer la capacité vidéo de l'appareil, en mode full HD 1080. On bénéficie, au contraire des appareils compacts, de toutes les fonctions photographiques pendant la prise de vue vidéo. Il est, comme toujours, important de lire la documentation avant d'utiliser un appareil. Et cela se vérifie également avec le Canon EOS 7D lors de l'utilisation de la vidéo. Car celui qui ne prend pas cette précaution risque de se faire chauffer les neurones un petit moment s'il veut filmer avec le bouton de déclenchement des photos. Le 7D possède un bouton pour sélectionner le mode photo ou vidéo (à droite de l'oeilleton) dont le centre est le bouton de déclenchement en mode vidéo (comme sur une caméra vidéo). Le bouton de déclenchement photo, sur le coin droite avant, sert à gérer l'autofocus lorsqu'il est enfoncé à moitié de course. Et il prend des photos lorsqu'on l'enfonce entièrement, même si le mode vidéo est sélectionné! Pratique pour les prises de vues pendant le tournage de vidéos mais déroutant si ce n'est pas volontaire.
A n'en pas douter, Canon a réussi là un appareil performant, pratique, esthétique et qui répond à des critères techniques de très haut niveau, destiné avant tout au haut de gamme professionnel ou amateur exigeant. Bien que son prix ne soit pas à la portée de toutes les bourses, il se justifie pleinement.
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