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Sabine Weiss

HOMMAGE A SABINE WEISS au Salon de la Photo 2014

- Chère Sabine -
Du 13 au 17 Novembre 2014

> Une exposition de plus de 100 photos emblématiques de son oeuvre
> Un film inédit de Stéphanie Grosjean, le teaser, ici 
> Neuf Déclics rendent hommage à la photographe et à sa photographie

Détails en Pdf.

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Biographie de Sabine Weiss Par : Roland Quilici

photographieSabine Weiss est décédé, mardi 28 décembre, à 97 ans à paris. Née Weber le 23 juillet 1924 à Saint-Gingolph en Suisse, Mme Weiss a depuis acquis la citoyenneté française. Elle porte le nom Weiss par son mariage. Elle commence à photographier dès l'enfance à l'âge de douze ans, initiée par son père, après avoir acheté son premier appareil photo avec son argent de poche.
"C'est mon métier. Je l'ai choisi, très jeune, et mon père m'a soutenue en me présentant au meilleur photographe de studio de Genève : Boissonnas.". Elle y apprend la technique de 1942 à 1945, et obtient son diplôme de photographe. Elle ouvre un atelier à Genève, puis part s'installer définitivement à Paris en1946. Elle n'a que 22 ans lorsqu'elle devient l'assistante de Willy Maywald, célèbre photographe de mode. Elle dit de cette période : "Quand je suis venue à Paris, j'ai pu travailler chez Maywald à qui un ami m'avait recommandée. J'y ai travaillé dans des conditions inimaginables aujourd'hui, mais avec lui j'ai compris l'importance de la lumière naturelle. La lumière naturelle comme source d'émotion. J'ai fais cette photo en 1952, dans l'atelier de Léger. Elle me convient, même aujourd'hui je pourrai la refaire ainsi, car elle est simple. Elle dit l'homme. Elle n'est pas posée. Juste arrêtée." (Entretien avec Elisabeth Guimard attachée de Conservation au Musée français de la Photographie de Bièvres avril 2005, extrait de l'ouvrage Poussettes Charrettes et Roulettes).

Elle écrit : "J'aime beaucoup ce dialogue constant entre moi, mon appareil et mon sujet, ce qui me différencie de certains autres photographes qui ne cherchent pas ce dialogue et qui préfèrent se distancier de leur sujet. "

Lors d'un voyage en Italie, elle fait la connaissance de Hugh Weiss, un peintre américain, qui devient son mari en 1950. Elle fréquente le milieu de l'art, et rencontre Cocteau, Utrillo, Rouault, et se lie d'amitié avec Jacques Henri Lartigue.

photographiePour répondre à des commandes, elle réalise des centaines de portraits d'artistes, de musiciens, d'écrivains, de peintres et de sculpteurs, dont les plus connus sont ceux de : Fernand Léger, Pougny, Giacometti, Raushenberg, Jan Voss, Dubuffet.

De ses débuts, elle dit : "Je dois dire qu'avant j'avais beaucoup regardé autour de moi. Avec ma mère. Des églises romanes, de la peinture…une éducation du regard". Elle voyage au Portugal, en Grèce, en Egypte et en Inde. 50 années à sillonner l'ensemble de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique comme photojournaliste.

Considérée comme appartenant au courant de la photographie "humaniste", son oeuvre se situe dans la mouvance de Brassaï, Doisneau, Ronis, Gisèle Freund, Janine Niepce ou Edith Claire Gérin. Eclectique, elle travaille pour la mode, la publicité, et la décoration mais elle s'exprime également dans une recherche essentiellement faite de Noir et Blanc, où la solitude, les enfants, la foi et les croyances sont au cœur de ses images.

"Je témoignais, je pensais qu'une photo forte devait nous raconter une particularité de la condition humaine. J'ai toujours senti le besoin de dénoncer avec mes photos, les injustices que l'on rencontre."

"Il faut témoigner, dire, montrer que l'on ne vit pas de richesses matérielles, je ne suis pas une artiste, pas moi, d'autres oui mais pas moi, ceux qui créent, oui, mais pas moi ; Giacometti, oui, voila un artiste, j'ai fait des portraits de lui."


photographie1949 elle s'installe boulevard Murat à Paris et exerce comme photographe indépendante à partir de 1950. Elle parle de Charles Rado qui eut l'idée de regrouper quelques amis photographes indépendants afin de diffuser leurs travaux, ce qui permis à Rapho, la première agence de Presse française de voir le jour.  Il lui disait : "Posez-vous une seule question : est-ce que cette image vous coupe le souffle ? " 1952, dans le bureau de Michel de Brunhoff, directeur de Vogue France, Robert Doisneau découvre ses photos et lui propose de le rejoindre au sein de l'agence Rapho dont il est membre. Elle signe la même année un contrat avec cette revue qui prendra fin en1961. Elle obtient la reconnaissance en 1955, quand Edward Steichen sélectionne trois de ses clichés pour figurer dans l'exposition devenue mythique " Family of Man ". Elle partage son activité de photographe indépendante avec des photos de commande, pour la presse (Paris-Match, Life, Time, Newsweek, Town and Country, Fortune, Holidays, European Travel, Esquire) et la publicité. Ses images ont fait l'objet de nombreuses expositions individuelles et collectives, à travers le monde. Quelques unes de ses photos ont rejoint les collections publiques du Musée National d'Art Moderne à Paris, du Centre Georges Pompidou, de l'Art Institute de Chicago, du Metropolitan Muséum et du Muséum of Modern Art de New York, du Muséum of Modern Art de Kyoto (Japon), et du musée Folkwang à Essen (Allemagne). Auteur de plus d'une quinzaine d'ouvrages, elle reste une personnalité discrète peu connue du grand public, malgré la vente d'une de ses photographies intitulée " La sortie du métro " adjugée 11 500 € dans une vente aux enchères en 2005.


"Je n'aime pas les choses très éclatantes mais plutôt la sobriété…  il ne s'agit pas d'aimer bien, il faut être ému. L'amour des gens, c'est beau. C'est grave, il y a une profondeur terrible. Il faut dépasser l'anecdote, dégager le calice, le recueillement. Je photographie pour conserver l'éphémère, fixer le hasard, garder en image ce qui va disparaître : gestes, attitudes, objets qui sont des témoignages de notre passage. L'appareil les ramasse, les fige au moment même où ils disparaissent.".

"Lumière, geste, regard, mouvement, silence, repos, rigueur, détente, je voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s'exprime avec un minimum de moyen l'essentiel de l'homme. "

Sabine Weiss a été faite Chevalier des Arts et Lettres en 1987, et Officier des Arts et Lettres en 1999. Elle dit : "Mes photos ont une certaine qualité qui n'est que le reflet de moi-même dans mes rapports avec les gens. Une certaine tendresse pour les êtres, pour leur solitude ou leurs émotions retenues. Elles expriment un certain amour que j'ai pour la vie".


Sabine Weiss tout comme Bernard Plossu récuse le statut d'artiste.

"Je ne suis pas une artiste, pas moi, d'autres oui, mais pas moi. Giacometti, voilà un grand artiste. J'aurai tellement aimé que son testament soit respecté, et que son oeuvre soit visible dans son unité, et ne soit pas dispersée. J'ai fait cette photo et toute une série dans son atelier, en 1954. C'était une commande pour le magazine l'Oeil, le premier ou le deuxième numéro. "


"J'ai fais cette photo dans l'atelier de Zadkine en 1958. C'était une commande de la revue Arts d'aujourd'hui. J'ai répondu à beaucoup de commandes, pour Life, Vogue, Times. C'est ce qui m'a permis de vivre de mon travail, d'être indépendante. C'est une chance et j'en ai eue ".


"J'arrivais chez les gens et il fallait toujours faire très vite, saisir au vol, mais mon oeil est entraîné, je compose et recompose tout le temps, chez moi, dans la rue, même les objets posés sur mon bureau, où les gens à qui je parle. Je te vois, tu me parles, mais en même temps je te recompose avec l'affiche qui est sur le mur derrière toi. Aujourd'hui je ferai la photo un peu autrement, je laisserai plus de jambe. Mais bon, le coude juste appuyé, avec la verticale des sculptures derrière, ça se tient " (Les citations sont extraites d'un entretien d'avril 2005 avec Elisabeth Guimard attachée de Conservation au Musée français de la Photographie de Bièvres extrait de l'ouvrage " Poussettes Charrettes et Roulettes ". )

Roland Quilici

Publications de Sabine Weiss

1962 J'aime le théâtre, Editions Rencontres, Suisse.
1969 Une semaine de la vie de Daniel, Editions Mac Millain, USA.
1978 En passant, Editions Contrejour, France.
1982 Marchés et Foires de Paris, Editions ACE, France
1989 Intimes convictions, Editions Contrejour, France
1992 Hadad, Peintres, Editions Cercle d'Art
1992 Vu à Pontoise, Editions municipales
1995 La Réunion, Editions de la galerie Vincent, Saint Pierre
1996 Bulgarie, Editions Fata Morgana
1997 Giacometti, Editions Fata Morgana
1997 Des enfants, Editions Hazan
2000 Poussettes, charrettes et roulettes, Musée de Bièvres
2000 André Breton, texte de Julien Gracq, Edition Fata Morgana
2003 Sabine Weiss soixante ans de photographie par Jean Vautrin et Sabine Weiss aux Editions de La Martinière
2004 Claudia de Medici par Sabine Weiss
2006 Musiciens des villes et des campagnes par Sabine Weiss, Gabriel Bauret, et Ingrid   Jurzak
2007 See and Feel , aux Editions ABP (Pays-Bas).

Expositions de Sabine Weiss

1954 expose à l'Art Institute of Chicago (Etats-Unis / Illinois)
1955 MOMA dans l'expo Family of man d'Edward Steichen
1958 vend 4 photos au Musée d'Art Moderne de New York
1967 année d'adoption de sa fille.
1972 expose " The family of children " au MOMA à New York (Etats-Unis)
1978 vend une centaine de photos à la Bibliothèque Nationale.
1981 expose au Musée de la photo à Oslo en Norvège, et anime un stage aux RIP et à Lannion.


Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :


Chronique par Roland Quilici
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Au service de la photographie depuis 2001