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Jean-Marc Bustamante

Bustamante et le paysage indiciel


Les nouvelles photographies monumentales réalisées par Bustamante sont originaires du Japon. Il parcourt ce pays lors d'un voyage, où il y stigmatise des espaces à mi chemin entre le naturel et la civilisation. Dans ses œuvres récentes, l'artiste reste fidèle au paysage d'arrière pays, sans originalité et sans beauté particulière. Ses cibachromes montrent des lieux toujours aussi étonnants dans leur trivialité, leur totale banalité.


La spécificité des photographies du Japon de Bustamante résident dans cette phase de mutation latente où le mouvement est à son point mort. La temporalité se fige dans cette quasi absence de mouvement. Rien ne se passe ou si peu. Tout demeure statique et silencieux, avec à peine le frissonnement d'une branche d'arbre. Cette cristallisation temporelle annonce une réalité où tout est à construire dans sa phase de stabilité. Les traces indicielles de la construction se manifestent à travers des objets, tels que des grues, des échafaudages qui dirigent le sens photographique. Ces objets apparaissent discrètement, ce ne sont pas les chantiers de construction ostentatoires des grands villes ou capitales du monde. Il s'agit seulement de petites villes qui aspirent à un devenir en gestation.


Bustamante donne un ensemble qui est à disséquer attentivement, minutieusement dans l'ensemble, la totalité photographique. Si les paysages, les lieux semblent être statiques, cependant il y a des signes d'activités, industrielles ou agricoles avec les routes ou les rizières du premier plan. Cela reste noyé dans la globalité du paysage. Ces signes restent discrets par rapport à leur milieu.


Les paysages du Japon ont une constante photographique chez Bustamante. Une ligne d'horizon soulignée par des montagnes, un ciel vaste plus ou moins bleu ou nuageux, quelques habitations et des infrastructures comme des routes ou des lignes téléphoniques. Les lieux ne sont pas occupés, ils sont vides, désertés. Cet anonymat où le silence règne invite à la concentration.


Ce désert japonais entre civilisation et nature interroge le devenir et les perspectives de ces lieux. D'ailleurs dans ces prises de vue photographiques, il n'y a quasiment pas de perspective ou de contre plongée fulgurante. Le point de vue reste sobre, sans effet. Le cadrage se veut uniforme et répétitif. Le naturel cohabite avec l'artificiel. Les éléments acceptent l'urbanisme naissant. Bustamante cherche à montrer avec succès la magie de l'intemporalité. Les œuvres sont présentées dans la galerie avec une installation de cierges.


Par Laurence Bagot


Infos pratiques

Exposition en décembre 2001 jusqu'en février 2002
à la Galerie Templon
30 rue Beaubourg à Paris
Tél : 01 42 72 14 10

Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :


Chronique par Laurence Bagot

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Au service de la photographie depuis 2001