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William Eggleston

William Eggleston
et si la couleur était dans le détail...


Cette rétrospective de William Eggleston composée de 250 photographies environ montre sa vision panoramique du monde dans lequel il a évolué, sa perception fut largement très controversée et critiquée et cela dès le début de sa carrière. La raison de cette raillerie se trouve à l'origine du choix de ses sujets considérés beaucoup trop déconcertants par leur désarmante simplicité.

William Eggleston, inspiré de Walker Evans et de Henri Cartier Bresson, très vite, marque son style par ses sujets inédits et subversifs par leur apparente banalité. Très peu de personnages sont photographiés ou sinon leur posture reste souvent figée, statique, l'action quasiment invisible, imperceptible demeure suspendue dans le temps.

Les photographies représentent souvent, des objets triviaux, sortes de natures mortes, constituées de très peu d'éléments. Elles sont très dépouillées, épurées à l'extrême. La composition du contenu des sujets s'affirme en dehors de toute mise en scène ou de fioriture, de décor superflu. Les choses sont saisies dans leur essence la plus simple, il s'agit de transposer la quintessence de la réalité. Cependant, elles cachent souvent une approche très sophistiquée du réel. La rigueur implacable de la simplicité est dominée par la sophistication cela ne signifie pas qu'elle soit dénuée de sensibilité. Le plus étonnant est de parvenir à saisir un coin de mur, seul sujet réel de la photographie. Elle est réalisée et composée de savants jeux de droites perpendiculaires et parallèles données par les ombres et les lumières et par les lignes du sol et du mur. Toutes ces rectilignes et ces longilignes s'entrecroisent et se superposent dans une composition presque abstraite. Finalement William Eggleston fait une oeuvre d'art avec peu de choses, d'éléments de la réalité. L'œuvre photographique réside précisément dans ce trois fois rien, pas besoin d'avoir une quantité infinie de détails dissolvant le sujet.


A priori ces sujets peuvent être considérés comme de la totale banalité, de la trivialité sans conséquence. Pourtant de telles images sont issues d'un regard aiguisé, intransigeant sur le réel certainement trop présent dans le quotidien. L'extraordinaire peut trouver sa source au milieu d'objets journaliers. Les lampadaires, les lustres, les luminaires au plafond, symboles de lumière, deviennent emblématiques dans ces compositions sobres mais efficaces dans leur radicalisation. Le quotidien omniprésent est déterminant et le réel dominant dans l'œuvre de William Eggleston. Il parvient à saisir tout aussi bien un simple chien entrain de boire dans une flaque d'eau, cela renvoie indirectement au mythe de Narcisse, le reflet à l'origine de la conscience de la beauté de son visage. Mais le chien est dépourvu de cette connaissance de soi, son but étant seulement de boire. Avec plus d'attention, dans la flaque d'eau apparaît un autre reflet qui appartient probablement à celui du photographe. L'ombre est la seule trace humaine.


Cette apparente simplicité dans les sujets de William Eggleston montre avant tout une sensibilité, une émotion devant le réel en dehors de tout sensationnel. Un regard affûté, incisif, implacable face au monde et sa dure réalité aboutit à une œuvre photographique puissante dans sa force émotionnelle. La sensibilité aux textures, aux matériaux, aux couleurs des objets concrétise des œuvres touchantes.


Par Laurence Bagot


Infos pratiques


Exposition en février 2002
à la Fondation Cartier pour l'art contemporain
261, boulevard Raspail 75 014 Paris
Tél 01 42 18 56 51 Fax 01 42 18 56 52
Métro Raspail, Denfert-Rochereau Bus : 38, 68, 91 RER : Denfert-Rochereau
http:// www.fondation.cartier.fr


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Chronique par Laurence Bagot

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