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William Klein

William Klein
saisit le Paris cosmopolite


La Maison Européenne de la Photographie réalise une exposition du grand photographe William Klein sur Paris qui met en exergue une ville cosmopolite tout en étant à la fois fascinante et ambivalente. L'exposition se laisse appréhender dans ses paradoxes et ses évidences et se manifeste tout à la fois déroutante et intrigante ou déconcertante et saisissante. Une multitude de personnages sont pris sur le vif et leurs expressions atteignent des sommets paroxystiques avec les cris, les gestes. Ce saisissement de la réalité contribue à toute la vitalité de l'exposition, cela au nom de la vigueur de ceux qui se battent, s'acharnent à défendre leurs idées. Parfois des vies extrêmes apparaissent telles que des travestis et surprennent dans leur exubérance, alors leur surgissement rappellent inexorablement l'existence de la différence. Paris est à découvrir sous le regard de William Klein, avec une effervescence urbaine où toutes les cultures se manifestent à travers différents rassemblements.


La Capitale reste inexorablement une ville ancrée dans son histoire révolutionnaire. L'urbanisme est pris d'assaut par l'homme qui affirme sa présence au monde dans lequel il s'inscrit afin d'en être le témoin et l'acteur des événements. Les manifestations émergent du quotidien puis s'inscrivent radicalement dans l'histoire. William Klein saisit ainsi la tristesse des Funérailles de Maurice Thorez ou de Tino Rossi, le défilé coloré du Nouvel An chinois, les manifestations conviviales d'étudiants de la rue Soufflot, la fascination des spectateurs du concert des Rolling Stones à l'Hippodrome de Longchamp. Dans ces manifestations sociales, culturelles où la ville est en pleine agitation, des personnages apparaissent dans tous leurs états : celui de la colère, celui de la joie, celui de la tristesse et cela dans le cri, le rire et les pleurs. Toute une déclinaison des émotions est mise intégralement à nu, sans concession sous l'objectif photographique. Cette mise hors de soi dans la frénésie se révèle parfois spectaculaire. Homme et femme se mélangent pour le meilleur et le pire dans un même cheminement. Paris se manifeste bien comme étant ce cœur de l'agitation, de la révolte, des coups de gueule.


William Klein porte un regard bien personnel et original sur Paris souvent dans une espèce de marée humaine à priori chaotique. Son constat contribue à mettre en évidence une situation. De la multitude sort quelques visages du lot massif afin d'aller directement à l'essentiel. Les couleurs plus ou moins criardes accentuent la sensation de débordement. Elles crient tout autant que ceux qui clament les slogans. Quelques photos en noir et blanc sont là plus apaisantes mais pas forcément plus neutres. Les cadrages inattendus avec des gros plans ne sont pas complaisants et n'épargnent pas le sujet. La réalité est restituée dans ses excès ce qui lui confère un aspect grotesque. Cependant dans toute cette émulation, il s'extrait des figures emblématiques tel Gainsbourg. William Klein met aussi en évidence des choses anodines comme des bus de touristes devant l'Opéra Garnier, Paris où des lieux en déperdition tels que les grands moulins de Paris.


D'une manière générale, la couleur domine même si elle n'est pas présente sur la photographie. William Klein en rajoute notamment à la surface des planches contacts. Il ajoutent de la couleur primaire souvent le rouge et le bleu. La peinture insiste et vient souligner, surligner un fait ou un geste. Elle est une sorte de surenchère sur ce qui est déjà présent dans la photographie. William Klein fait ainsi resurgir son goût pour la peinture, en effet il a été peintre avant d'être photographe.


Il semble que William Klein est nécessairement immergé lui-même dans l'événement pour apporter autant d'intensité aux images. Il est dans la foule, il reconstitue l'évènement qui fait l'actualité d'un jour. Attention le spectateur est également immergé dans les images. Mais il est difficile de tout percevoir d'un seul coup d'œil, au contraire le regard n'en finit pas de remarquer, de détecter des détails. Le vertige de l'action est suscité par le débordement du photographe et sa propre frénésie à saisir l'événement. Ce Paris est réellement celui de l'action, un véritable happening lié à la réalité. Cette exposition est l'occasion aussi de voir l'aspect cinématographique de William Klein.


Laurence Bagot


Infos pratiques


Exposition " Paris + Klein "
Du 17 avril au 1er septembre 2002
à La Maison Européenne de la Photographie
5-7, rue de Fourcy
75 004 Paris
Tél.: (33) 01 44 78 75 00


Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique


Chronique par Laurence Bagot

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