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Sur la route du lait

La route du lait


http://www.unansurlaroutedulait.org


Par : Frédéric Brizaud


Qui n'a pas souhaité un jour partir à la découverte du monde ? Colette Dahan et Emmanuel Mingasson l'ont fait. De la Roumanie à la Mongolie, ils ont vécu une belle aventure dont ils témoignent avec beaucoup d'émotion. Un an sur la route du lait : www.unansurlaroutedulait.org


Vous avez fait un voyage d'un an en 4X4 de Chambéry (Savoie, France) à Ulan-Bator (Mongolie). Quelle a été la motivation première de ce projet ?


photographieA force de rêver à " tout ce qu'on fera plus tard ", le risque c'est de ne jamais le faire ! Nous n'avons qu'une vie ! Emmanuel rêvait depuis longtemps d'aller en Chine (où nous ne sommes pas allés finalement) en arrivant par voie terrestre ! En 1999, nous étions allés en Ouzbékistan, pour un voyage de 15 jours, principalement dans les villes mythiques de Khiva, Boukhara et Samarkand. D'une part c'était trop court, ensuite nous ne parlions ni russe ni ouzbek et enfin nous avions trouvé qu'être trop dépendants des transports en commun ne permettait que difficilement d'aller dans les campagnes et les petits villages. Nous nous étions dit que nous reviendrions, en ayant du temps, en ayant appris le russe et avec un moyen de transport autonome qui nous permette de nous rendre dans les endroits plus difficiles d'accès. Un 4x4, sommairement aménagé en camping-car répondait à ces exigences. En prenant une année de congé sabbatique, nous avions un peu plus de temps !


Vous qui habitez au pays du fromage, vous avez choisi comment fil conducteur "La route du lait", pourquoi ce choix?


Nous ne voulions pas voyager pour seulement nous réjouir du patrimoine, des monuments, des beaux paysages, du charme des villes ou même du seul plaisir des rencontres. Nous voulions aussi pouvoir comprendre, au moins en partie, la vie des gens dans les pays que nous allions traverser. Les pays de steppe ou de montagne sont presque toujours des régions d'élevage, pour le lait et pour la viande, car les animaux ne sont pas sélectionnés pour l'un ou pour l'autre comme c'est le cas le plus souvent chez nous aujourd'hui. Nous pressentions qu'en nous intéressant au thème du lait, nous allions entrer de plain-pied dans la vie - souvent la survie - non seulement des éleveurs mais aussi de familles dont la vie s'articule parfois autour d'une seule vache, d'une ou deux chamelles, de quelques chèvres ou brebis dont le lait fait vivre toute la maison. De plus, élever des animaux dans un milieu difficile - montagne ou désert - c'est mettre en place un système de production, un mode de vie pour tirer parti des ressources naturelles. Et c'est passionnant d'essayer de comprendre comment les hommes et les femmes s'adaptent à leur environnement.


Depuis votre retour vous avez fait des expositions et des conférences sur votre voyage et à présent vous sortez un livre "Un an sur la route du lait", est-ce pour vous l'aboutissement de votre aventure ?


photographieEn forçant un peu le destin, en mettant toutes nos économies dans le projet, en prenant quelques risques, grâce à notre bonne étoile, aux amis qui nous ont aidés ici et surtout à toutes les personnes que nous avons rencontrées, qui nous ont ouvert leur porte pour nous faire partager quelques heures ou quelques jours de leur vie, qui ont répondu à toutes nos questions, nous avons eu la chance de faire un voyage hors du commun. Souvent les uns ou les autres nous ont demandé " Mais que ferez-vous de toutes ces photos et de ces notes que vous prenez ? " et notre réponse était toujours, " Nous voulons simplement faire connaître et expliquer aux gens de chez nous, comment vous vivez ". Avec ce livre, nous tenons notre parole. (" Rencontres sur la route du lait ", 35 €, E. Mingasson et C. Dahan - 126 rue Dacquin, 73000 Chambéry - www.unansurlaroutedulait.org).

Non, ce livre n'est pas l'aboutissement de l'aventure. Il le sera en partie lorsque notre éditeur nous dira : " Le livre est épuisé. Il faut refaire un tirage ". Cela voudra dire que " Rencontres sur la route du lait " aura été utile et compris, que nous aurons contribué à créer un lien entre nous qui sommes nés du bon côté de la barrière, et ceux que la vie a fait naître ailleurs. Et puis, on ne peut s'empêcher de rêver : repartir un jour, la voiture chargée de livres, retrouver les uns et les autres, ouvrir la page à leur photo, et leur dire : " Voilà, voyez : nous avons tenu parole, nous avons répété ce que vous nous avez dit ; nous avons dit comment vous vivez, et maintenant, aussi isolés que vous soyez, pour tous ceux qui ont eu ce livre entre les mains, vous existez. ". Et alors, repartir ailleurs, sur une autre route du lait…


Pouvez-vous nous raconter brièvement la rencontre ou l'expérience qui vous a le plus marquée?


Nous avions deux points de chute avant de partir : un en Roumanie, un en Iran ! Toutes les autres rencontres se sont faites par hasard et chaque nouvelle rencontre était plus enrichissante que la précédente. Comment retenir celle-ci plutôt que telle autre ? Depuis le premier pays dans lequel nous avons pris le temps de nous arrêter pour aller à la rencontre d'éleveurs, la Roumanie jusqu'au dernier, la Mongolie, tant de portes se sont ouvertes. Tout au long de notre route, en Turquie, en Syrie, en Jordanie, en Iran, au Turkménistan, en Ouzbékistan, au Kirghizstan et au Kazakhstan, partout, nous avons été accueillis comme roi et reine, nous qui ne manquions de rien. L'hospitalité qui nous a été offerte, alors que nous étions seulement de passage, c'est sans doute cela qui nous a le plus marqué.


De plus en plus de personnes sont tentées de partir, comme vous, vers de longs voyages initiatiques à travers le monde. Avez-vous quelques conseils à leur donner ?


Nous n'avons pas envisagé notre voyage comme un voyage initiatique. Nous voulions simplement aller vers les autres, ailleurs, voir et essayer de comprendre.

"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas les faire, c'est parce que nous n'osons pas les faire qu'elles sont difficiles ". Un jour on décide de partir, et tout s'enchaîne parce qu'on a pris la décision. C'est ça le plus dur, prendre la décision ! Ensuite on se dit : " Mais pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt ! ".

 

Chronique par Frédéric Brizaud

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Au service de la photographie depuis 2001