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Brassai

Expo Brassaï, pour l'amour de Paris. Du 8 novembre 2013 au 8 mars 2014 à l'hôtel de ville de Paris.

Brassaï

Par Roland Quilici

Brassaï était le pseudonyme de Gyula Halász. Il est né le 9 septembre 1899 à Brassó (Brasov) en Transylvanie qui appartenait à la Hongrie mais qui est devenue une ville

roumaine. Lorsqu'il a trois ans, sa famille s'installe rue Monge à Paris pour une année. Son père, professeur de Littérature, a fait ses études à la faculté de la Sorbonne. Sa mère est d'origine arménienne. Il a un frère plus jeune. photographieAdolescent, il étudie la peinture et la sculpture à l'académie des beaux arts de Budapest avant de servir dans l'armée austro-hongroise dans un régiment de cavalerie jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. En 1921, il se rend à Berlin où il travaille comme journaliste et étudie le dessin à l'académie des beaux arts de Charlottenburg. A l'âge de 25 ans, il réalise son désir de vivre à Paris. Déjà bilingue (allemand et  hongrois), il lit des livres de Marcel Proust et étudie la grammaire et n'aura de cesse tout au long de sa vie de maîtriser le français. Il se passionne pour Goethe dont les idées l'influenceront tout au long de sa vie. C'est dans un petit hôtel à l'angle de la rue de la Glacière et du boulevard Auguste Blanqui, dans le quartier de Montparnasse, qu'il s'installe. Vivant une vie de bohème, il travaille comme journaliste pour un journal sportif hongrois et collabore à des revues allemandes. Son compatriote André Kertesz l'initie à la photographie en 1926 et il commence à prendre ses premiers clichés en 1929. Il devient l'ami d'artistes de l'avant-garde comme Henry Miller, Léon Fargue, Jacques Prévert et André Breton. Il déclare : " Le surréalisme de mes images ne fut autre que le réel rendu fantastique par la vision. Je ne cherchais qu'à exprimer la réalité, car rien n'est plus surréel... Mon ambition fut toujours de faire voir un aspect de la vie photographiequotidienne comme si nous la découvrions pour la première fois ". Printemps 1930, il commence ses prises de vues de nuit, utilisant un trépied en fumant des boyards pour calculer le temps de pose. Il installe un labo rudimentaire dans sa chambre d'hôtel et développe ses photographies, activité qu'il prolongera  sa vie durant. La rencontre avec son futur éditeur Charles Peignot lui permet d'honorer une commande qui coïncide avec sa passion : marcher des heures  dans la nuit pour saisir les rues et les jardins sous la pluie et dans le brouillard. " Paris de Nuit ", son premier livre publié en 1933 aux éditions arts et Métiers graphiques, retranscrit à merveille la ville des lumières. Il rencontre les gens du monde artistique et littéraire : les frères Prévert, Fernand Léger ou Le Corbusier, mais sa rencontre la plus importante est celle de Picasso en1932. Il se voit confier par Tériade (critique d'art) une commande pour le premier numéro de la revue Minotaure du mouvement surréaliste, dirigée par le jeune éditeur suisse Albert Skira. Cette mission consiste à photographier les sculptures de Picasso dans son atelier de la rue de la Boétie et dans son château manoir de Normandie. De cette rencontre avec Picasso naîtra une grande amitié. Ses accointances avec les peintres l'amènent naturellement à faire une série de photos d'ateliers d'artistes.photographie Il photographie ainsi Maillol, Laurens et Giacometti. Henry Miller le surnomme " L'oeil de Paris ", dans l'un de ses livres, et dit de lui : " Brassaï est un œil vivant ... ses yeux ont cette véracité qui étreint tout et qui fait du faucon et du requin la sentinelle frémissante de la réalité". Brassaï écrira deux ouvrages sur cet écrivain. Ce jeune émigré devient bientôt l'un des photographes les plus reconnus de son époque. En plus de ses photos des bas fonds de Paris, il enregistre des scènes de la vie des gens de la haute société avec des photos d'intellectuels. Il photographie nombre de ses amis artistes, tels Salvador Dalí, Henri Matisse, Alberto Giacometti,Hans Reichel, Germaine Richier et des écrivains, comme Jean Genet, Henri Michaux, Henri Paul Fargue et Henry Miller. En 1945, il fabrique les premiers décors de ballets, avec des photographies, pour " le rendez-vous " de Jacques Prévert et de Joseph Kosma. Artiste complet, il  se consacre au théâtre, au cinéma, à la sculpture, au dessin et à l'écriture. Il épouse une jeune française puis obtient la naturalisation en 1949. photographieDans les années 50 et au  début des années 60, il voyage beaucoup. Il publie en 1961 " graffiti ", un livre de référence préfacé par Picasso et qui a pour thème des séries de murs scarifiés. Il prouve ainsi que cette pratique est une forme d'art symbolique. Sa renommée devient internationale, surtout aux Etats-Unis avec son livre " Entretiens avec Picasso " qui est traduit dans le monde entier. Ses photographies lui vaudront de nombreuses expositions aux Etats-Unis, à la George Eastman House de Rochester, à l'institut d'art de Chicago et au muséum d'art moderne de New York, en 1968. En France, on montre d'abord ses dessins, ses sculptures, ses gravures et ses tapisseries. Mis à part la période de la guerre, où il lui est interdit de photographier, il exerce comme photographe indépendant, travaillant notamment pour  les revues : Minotaure, Verve, Coronet, Picture Post et Harper's Bazar, pour qui il fera de nombreux reportages en Angleterre, en Espagne, aux Etats-Unis et au Brésil. En 1956, son film, "Tant qu'il y aura des bêtes", tourné au zoo de Vincennes, remporte le prix du film le plus original au  Festival de Cannes. photographieElevé au rang de chevalier des Arts et Lettres, en 1974 et décoré de la légion d'honneur en 1976, il remporte la première édition du Grand Prix National de la Photographie à Paris, en 1978. Il a écrit 17 livres,  tel " histoire de Marie ", qui est un long poème où il est question de sa femme de ménage. A la fin de sa vie, il écrit un livre sur Marcel Proust. Considéré comme l'un des grands photographes du XXème siècle, il  décède le 7 juillet 1984 à Beaulieu sur Mer, dans les Alpes Maritimes. Il repose au Cimetière du Montparnasse à Paris. En 2000, une exposition de plus de 450 photographies a été présentée par le centre Georges Pompidou, avec la collaboration de sa veuve, Gilberte Brassaï, qui a fait don de 35 000 négatifs au centre Georges Pompidou. Suite au décès de Mme Brassaï, en 2005, une  importante vente aux enchères a eu lieu à photographieParis début octobre et l'on a pu voir la cote de cet artiste atteindre des sommets. Je vous propose en conclusion un morceau choisi de ce qu'il a écrit sur ce qu'il entend par photographe. " Il y a deux dons qui font l'homme d'image, le créateur : une certaine sensibilité pour la vie, pour la chose vivante et d'autre part, un art de saisir celle-ci d'une certaine façon. Il ne s'agit pas d'esthétisme pur…une photo confuse ne peut pas pénétrer dans la mémoire. J'ai toujours tenu la structure formelle d'une photo, sa composition, pour aussi importante que le sujet lui-même…Il faut éliminer tout ce qui est superflu, il faut diriger l'œil en dictateur. Et il faut prendre celui du spectateur et le conduire à ce qu'il est intéressant de voir. "

Par : Roland Quilici

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Chronique par Roland Quilici
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Au service de la photographie depuis 2001