Le pictorialisme

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Le Pictorialisme


Par : Bruno De cuyper


Le pictorialisme est créé en 1888,c'est le premier mouvement artistique de la photographie. Il naît dans les clubs fortunés de photographes amateurs. Le but du mouvement était de faire reconnaître auprès du milieu de l'art que la photographie était un art à part entière.


Les pictorialistes cherchent leur inspiration dans les mouvements de l'impressionnisme, symbolisme. Les vues extérieures sont fréquentes, mais deux thèmes prédominent, le portrait et le nu.


Pour personnaliser le regard de l'objectif, les pictorialistes développent une série de "techniques de distanciation". Inspirés par les théories naturalistes de Peter H. Emerson, ils recherchent les effets d'atmosphère. George Davison, Alfred H. Hinton, Léonard Misonne, Alfred Stieglitz et Alvin L. Coburn utilisent la brume, la pluie ou la neige, la fumée ou la poussière pour jeter un voile, élever un écran entre le réel photographié et son image. La lumière elle-même, traitée en clair-obscur par Eduard (ou Edward) Steichen, F. Holland Day ou Gustave Marissiaux, peut reléguer dans l'ombre telle part de réalité, tel fragment de visage que le photographe souhaite effacer. Les décadrages de Pierre Dubreuil, les perspectives à coulisses de Frederic H. Evans ou l'emploi des objectifs anastigmats par Puyo (ceux-ci noient l'objet photographié dans un flou optique artificiel) sont encore d'autres moyens de mettre, dès la prise de vue, le réel à distance.


Au tirage, les pictorialistes emploient les procédés de "dépouillement" (charbon, gomme bichromatée, huile) pour estomper, éclaircir, brosser voire effacer certaines parties de l'épreuve. Les frères Oskar et Theodor Hofmeister à Hambourg, le groupe de la "Feuille de trèfle" à Vienne (Heinrich Kühn, Hugo Henneberg, Hans Watzek) font disparaître le réalisme des objets sous un traitement formel qui confine parfois à l'abstraction. Frank Eugene à New York et Robert Demachy à Paris mènent les techniques de brossage et de grattage à la limite de l'expressionnisme.


Pour défendre leurs idées et leurs œuvres, les photographes amateurs créent de grandes associations qui forment la clé de voûte du mouvement pictorialiste. Les plus connues sont le Camera Club fondé à New York en 1896, le Photo Club de Paris, l'Association belge de photographie, la Gesellschaft zur Förderung der Amateur Photographie de Hambourg et le prestigieux Linked Ring Brotherhood qui, à Londres, fait office de "chambre internationale" du mouvement. Grâce à un système de cotisations et aussi à un mécénat bienveillant (par exemple Ernst Juhl à Hambourg), ces associations sont assez riches pour multiplier les expositions internationales, éditer des ouvrages spécialisés comme le traité de Demachy et Puyo intitulé Les Procédés d'art en photographie (Photo Club de Paris, 1902), des albums comme le superbe Visions d'artiste de Marissiaux (Liège, 1908) et enfin publier des revues de prestige telles que Die Kunst in der Photographie (1897-1908) ou la célèbre Camera Work (1902-1917) de Stieglitz. Expositions et publications, en faisant apparaître les tendances dominantes, exercent une influence qui cimente l'homogénéité esthétique d'un mouvement unique, cohérent et remarquablement organisé.

Sources :

Art pjm Petit lexique de la photographie ,Gilles Mora
L'histoire de la photographie Christian Bouqueret
Sources supplémentaires http://etudesphotographiques.revues.org/document227.html

Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique :

Chronique par Bruno De cuyper
Photographies d'auteur
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