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Correspondance Parisenne Novembre 2010


Correspondance parisienne, 11/2010.
© Bruno Chalifour, 2010-12-02


 

Le MOIS de la PHOTO à Paris et PARIS PHOTO

Tous les deux ans depuis 1980, à l’initiative de la Maison Européenne de la Photographie, Paris organise le Mois de la Photographie, manifestation qui comme tout festival respectable a aussi engendré son « Off ». Depuis l’automne 1997, une foire internationale aux galeries d’art photographique, émulant et complétant celle de l’AIPAD à New York, vient compléter la scène confirmant que la photographie est devenue un marché recoupant parfois celui du traditionnel marché de l’art. Cette manifestation, Paris Photo, se tient annuellement depuis 14 ans dans un lieu on ne peut plus « chic », central et emblématique de Paris : le Carrousel du Louvre. Avec ses arguments propres, dont une participation plus contemporaine qu’à New York, Paris Photo a su d’emblée convaincre et séduire.

PARIS PHOTO

Une importante foule s’y pressait du 18 au 21 novembre. Il fallait s’attendre à faire œuvre de patience avant de passer le cap du contrôle chaque matin à l’ouverture. Malgré la « crise » (une de plus nous dira-t-on), les affaires allèrent bon train et 2010 fut un bon crû–meilleur aux dires de certains que celui du Beaujolais nouveau qui pointait aussi son nez ce week-end là : 106 exposants en provenance de 25 pays, environ 38 000 visiteurs (40 150 cependant en 2009).

    Un Josef Sudek trouva acquéreur pour un peu plus de 300 000 €, un autre pour 190 000 €, « Arles, 1929 » par Lazlo Moholy Nagy pour 265 000 €. La galerie Lumière des Roses spécialisée en photographie anonyme se sépara de plus de la moitié de son stock. Une célèbre photographie de mode de Horst P. Horst (« Mainbocher Corset », 1939) partit pour 150 000€. Même les grosses institutions s’étaient déplacées et le musée Getty s’est porté acquéreur de 30 boites à lumière (avec des vues de nuit de bâtiments illuminés) à 6000 € l’unité réalisées par Naoya Hatakeyama, un photographe japonais qui s’est relativement bien européanisé car il a été dur de l’ignorer ces dernières cinq années–entre autre, on l’a noté régulièrement présent sur les cimaises d’Arles. La galerie des Filles du Calvaire a elle aussi réussi un joli coup en se séparant de trois éditions d’un portrait par Paul Graham au prix de 24 000 € l’unité. Quand le marché va, tout va… on ne peut pas dire que cela s’applique à la photographie en général, loin s’en faut, surtout vu du côté de Visa pour l’image et du photojournalisme, mais Paul Graham ne va pas se plaindre.

photographieOn a constaté aussi pas mal de déchets, des images beaucoup trop grandes pour leur contenu–cela semble être une mauvaise rengaine ces dernières années–, des images creuses, certaines à la rigueur esthétiques sinon esthétisantes (celles qui vont avec les rideaux ou le canapé), d’autres en quête d’une nouvelle esthétique sans doute, mais qu’elles n’ont pas encore trouvée, d’autres encore qui semblent vouloir choquer pour attirer le regard du chaland mais du choc desquelles on se lasse vite. Quelques petites heureuses trouvailles cependant dans cette flânerie qui aurait sûrement donné à réfléchir à Walter Benjamin, comme celle du travail de Jo Ratcliffe, rencontré au hasard d’une portion de mur de stand : des petits tirages par comparaison aux photographies creuses vendues au mètre carré, des paysages noir et blanc tout droit venus d’Afrique du sud et d’Angola offrant contenu et contenant, un petit air de David Goldblatt non démenti par l’auteur(e), elle-même qualifiée par Okwui Enwezor (voir Wikipedia pour explications) d’être « une des plus accomplies et moins reconnues des photographes de sa génération »–ce que je n’ai découvert que plus tard mais que ses photographies m’avaient déjà révélé (1).

Paris Photo c’était aussi la septième édition du prix BMW : 12 000 € accordés cette année par le constructeur de mécaniques vrombissantes (qui a aussi rejoint les rangs des sponsors d’Arles) sur le thème de « la vision électrique » à l’artiste hongrois Gábor Õsz pour une image extraite d’une série réalisée en se servant d’une caravane convertie en camera obscura (chambre noire/appareil photographique) à la Abelardo Morell–un lauréat adéquatement choisi quand on sait que le thème, et l’invitée de la manifestation cette année était la photographie d’Europe centrale.

Le MOIS de la PHOTOGRAPHIE

photographiePour son trentième anniversaire, Le Mois de la Photo à Paris, et derrière lui la Maison Européenne de la Photographie (MEP), entend célébrer ses collections. En fait, tout ceux qui auront regardé le programme de la cinquantaine d’expositions programmées se sont sans doute rendu compte qu’à une ou deux expositions près c’est uniquement de la MEP et de sa collection qu’il s’agit. Un peu égocentrique pour un thème non ? Cela aussi suppose moins de travail de recherche et moins de temps perdu à chercher des financements pour faire venir des œuvres d’ailleurs, en cette période de vaches maigres, un sage choix sans doute… et/ou un manque d’ambition. Certes les choix affichés sur les murs de la MEP sont intéressants pour des étudiants ou des amateurs en quête d’éducation et des visites guidées sont régulièrement proposées à cette effet. Même si rien ne remplace un tirage original, la plupart des tirages montrés sont facilement trouvables en livres ou sur internet : une belle collection de classiques dans un accrochage parfaitement classique. Une promenade sous les platanes en fleurs en quelque sorte, ou légèrement passés fleurs. On aurait peut-être pu au sein de cette exposition, attendue sans doute comme le phare du Mois puisque chez l’organisateur, être un peu plus joueur, inventif ou créatif. Pourquoi ne pas montrer un peu plus des photographes japonais donnés par la société Dai Nippon par exemple ? Certes on avait jusqu’au 5 décembre, au rez-de-chaussée les « Trans-apparences » de Rodolphe von Gombergh. Comme le titre semble l’indiquer von Gomberg est joueur et créatif : nous avons affaire à l’utilisation des dernières technologies en matière d’imagerie médicale pour une fois de plus de grandes images, très colorées, une espèce de micro-méga en technicolor. Spectaculaire !

Impossible de voir toutes les expositions en quelques jours à moins d’habiter Paris (ou d’être un critique photo décemment rétribué pour son travail, ce qui a toujours tenu du mythe malheureusement). Donc il faut faire des choix et essayer d’être pratique, de penser à l’exposition qui pourrait, à elle seule faire déplacer quelqu’un à Paris–tout le monde n’habite pas outre-Atlantique et je dois reconnaître qu’il a fallu plus qu’une de ses expositions pour me convaincre, par exemple le cocktail Paris Photo, Mois de la Photo avec les expositions annoncées MEP, Larry Clark au musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Harry Callahan à la Fondation Cartier-Bresson, André Kertész au Jeu de Paume, La France de Raymond Depardon à la Bibliothèque Nationale de France (site Mitterand), le colloque sur la mission de la DATAR, sans oublier Faits et Causes, Massimo Vitali chez Agnès B, et Steidl quai Conti… de quoi bien occuper 5 jours.

La France de Raymond Depardon

photographieDonc examinons-en quelques unes et commençons par la vraie nouveauté : l’exposition de la France de Depardon. Celle-ci occupe deux espaces et un « conduit » de communication à la Bibliothèque Nationale de France. Le projet a commencé en 2004 avec une commande du ministère de la culture sur 4 ans à raison de 50 000 €/an (soit 200 000 €), à cela on ajoute une subvention du Crédit commercial de France d’autant pour un total donc de 400 000 €–des données que l’on a tendance à éluder dans cette exposition où l’on ne parle que des sponsors de l’exposition elle-même. Le projet est inédit, titanesque, à l’image delà voracité d’images et de la versatilité de Raymond Depardon. Comme en 1851 avec la Mission Héliographique et au début des années 1980 avec la Mission de la DATAR, la France innove et montre la voie en matière de culture et de soin apporté à sa mémoire collective, son patrimoine.

photographieCependant dans les 36 images sélectionnées pour l’exposition, les 300 tirages du livre/catalogue publié sous coffret par la BNF, et même les quelques 6000 clichés originaux pris sur négatifs couleur en 5 ans à la chambre 20x25 cm, il n’est pas question du patrimoine architectural classique. On est loin du cloître Saint Trophime ou des arènes d‘Arles pris en 1851 par Édouard Baldus. Depardon choisit ses sujets loin du monde purement rural qu’il a déjà traité et loin des centres villes. C’est la France moyenne qui le préoccupe ici, « la France quotidienne des gens », et en couleur. De couleur il est beaucoup question dans ces images, quelques fois trop même. M’étant procuré le livre avant de voir l’exposition, j’ai été étonné de la saturation de certaines couleurs, de leur aspect un peu artificiel, parfois criard même–presque choqué, après la justesse des images déjà réalisées à la chambre 20x25 cm pour la Mission de la DATAR dans les années 1980. Il y a, par exemple, des rouges qui tirent un peu trop sur le magenta. À l’époque je me suis dit que la BNF n’avait pas fait l’effort suffisant pour l’impression, que Depardon devait être absent le jour où il aurait dû signer le bon à tirer. Cependant, certes les 36 énormes tirages de l’exposition ont un léger meilleur rendu chromatique mais…, mais… certaines couleurs me semblent encore être à la traine. Quant à la taille de ces tirages, ma première réaction a été la déconvenue de voir Raymond céder à la tentation contemporaine du gigantisme, de perdre la richesse des tons et la précision des détails qu’apportent un faible rapport d’agrandissement (d’autant plus flagrant quand on sort de l’exposition Callahan à la Fondation Cartier-Bresson avec ses 20x25 par contacts ou ses tirages sur papier 20x25 de négatifs 10x12,5 cm ou moyen format). Après mon deuxième ou troisième tour de salle ma déconvenue a cédé la place à la réalisation que je déambulais dans une sorte de diorama (un peu à la Daguerre). La taille des images que je voyais se rapprochait de ce que j’aurais pu voir en marchant sur le trottoir d’en face. Curieuse sensation ! Petit à petit j’entrais dans les paysages de Raymond Depardon, je voyageais au travers de son regard et de l’objectif de sa chambre photographique.

Une sorte de tunnel sombre conduisait ensuite à la deuxième salle d’exposition, un tunnel éclairé par des boites à lumière 20x25 montrant les positifs (toujours 20x25) réalisés à partir des négatifs utilisés pour les 36 tirages de la salle précédente. Le deuxième espace montrait et expliquait le contexte du projet de Depardon : ses influences (Walker Evans, Paul Strand, Robert Frank…), son matériel de prise de vue, ses carnets de route…

On aurait sans doute aimé voir un petit peu plus d’images, non les 300 du livre mais 80 ou 100 auraient sans doute donné plus la mesure du projet. Cependant il aurait été hors de question pour ce faire de réduire l’espace consacré au contexte du travail, un espace très didactique et pédagogique, sûrement très instructif pour qui n’a jamais travaillé avec de tels instruments, un espace où les visiteurs s’attardaient en fait autant que devant les tirages-dioramas. Non sans surprise, quelques 40 années plus tard on retrouve au travers de l’équipement de Depardon, de sa méthode de travail, les conditions d’exécution de UnCommon Places  de Stephen Shore ou d’American Prospect de Joel Sternfeld : la route, la chambre grand format, le négatif couleur, le paysage vernaculaire périurbain avec ses panneaux, ses signaux, ses enseignes–du Walker Evans en couleur et dans les années 2000.

« Il n’y a rien de plus bête qu’un rond-point ! » R. Depardon.

La France de Raymond Depardon est un projet ambitieux qui se réalise doucement, en solitaire et en silence, le silence si propice à la concentration de la photographie. Il est miroir avant de devenir mémoire. Au delà de la vision de Depardon dont la justesse n’est plus à démontrer (tant dans ses photographies que dans ses films documentaires) il ya le document qui restera. En fait âpres réflexion il me semble que ce travail est plus respectueux des enjeux et des missions de la Datar que le projet Paysages Photographies de cette même Datar en 1981-84, alors que les images produites par la vingtaine de photographes employés alors auraient sans doute plus leur place dans le cadre d’une commande du ministère de la culture. Mais en fin de compte, ce qui compte c’est que le travail soit fait (et soit bien conservé – a-t-on pensé par exemple à établir deux jeux de tirages, un pour la consultation (encore que des 20x25 ou même des 40x50 cm suffiraient largement) et un pour la conservation. C’est de notre patrimoine vernaculaire dont il s’agit en fait, et de sa transmission aux générations futures (2).

D’un extrême à l’autre : Kiss Larry Clark Good bye.

« Faisant le choix de préserver pour la première fois l’entière liberté de Larry Clark, la Ville en assume la conséquence en interdisant l'accès des mineurs à cette exposition, appliquant en cela les termes du code Pénal, notamment son article 227-24[1]. Cette disposition n’exclue en rien les œuvres artistiques ni les institutions culturelles de son champ d’application qui recouvre les images à caractère violent ou pornographique ou donnant à voir des scènes de toxicomanie. Il est de notre devoir de responsables publics d’éviter à la fois un risque d’interdiction judiciaire de l’exposition (sur tout ou partie des œuvres) ou un risque pénal pour le conservateur du Musée ainsi que pour les commissaires. Il n’y a là nulle attitude « prude » - ne confondons pas la morale et le droit - mais la volonté responsable de permettre précisément l’expression de la liberté artistique dans le respect des textes applicables. »
Bertrand Delanoë, maire de la ville de Paris.

Voilà pour ce qui est de la « pseudo » censure qui n’empêche pas tout adulte d’aller au Musée d’Art Moderne (MAM) de la ville de Paris pour raconter aux copains, copines qu’il/elle a vu « Larry Clark » ! En fait certaines photographies (post-Tulsa) montrant des mineurs lascivement et frontalement nus face à l’objectif relèvent carrément de l’imagerie de sites internet pornographiques et tomberaient sans aucun doute sous le coup de la loi si elles n’étaient montrées au MAM.

Question : alors pourquoi montrer une telle œuvre en 2010 au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris quand l’essentiel a été vu d’octobre 2007 à janvier 2008 à la Maison Européenne de la Photographie? Manque-t-on tant d’œuvres intéressantes ? Sur le même sujet et beaucoup plus, il aurait été bienvenu de célébrer le travail d’un Eugene Richards beaucoup plus complet, humaniste et en bref intéressant… mais moins sulfureux certes, ce qui nuit sans doute à la potentielle couverture médiatique que l’interdiction aux moins de 18 ans n’a pas manqué de générer. Où commence l’obscénité ? Une question que cette exposition a le mérite de soulever et qui ne s’arrête pas à l’ « œuvre » photographique de Larry Clark et peut être étendue à son utilisation médiatique–sans oublier la participation douteuse sinon fallacieuse de Libération au débat (décidément ce quotidien ne s’arrange pas).

photographieQue dire de cette « œuvre » ? Franchement, mis à part 15 ou 20 images de Tulsa–le reste de Tulsa est somme toute assez plat–, pas grand chose, sinon qu’elle tourne en rond sur elle-même–on ne peut plus redondant !–depuis 40 ans et que Clark ne s’est pas rendu compte qu’il a vieilli, à moins que cette prétendue cécité ne dissimule une certaine perversité exercée à l’encontre de mineurs males pubères le sexe velu à l’air photographiés en couleur et ad nauseam contre un mur sans intérêt aucun (vu au MAM). Quant aux images extraites des boites à chaussures familiales… Certes Larry Clark, grâce alors à l’intuition de Ralph Gibson, a eu l’heure de gloire sulfureuse que sa série autobiographique « Tulsa » méritait. Le premier livre des éditions Lustrum en 1971 (3) bénéficia de l’œil de Gibson et de son intuition éditoriale. Privé de ces béquilles, Clark titube. « Le reste [de l’œuvre photographique] ne vaut, comme dirait Cézanne, pas même le mot de Cambronne ». Tulsa annonce Nan Goldin dont La ballade de la dépendance sexuelle est somme toute beaucoup plus profonde et intéressante (mais là encore, gare à la suite !). Un conseil, si vous voulez vous rendre compte par vous même des qualités de Clark, achetez Tulsa, le livre, pas l’original qui se négocie à plus de 800 €, mais sa ré-édition en 2000 par Grove Press ($16.47 sur www.amazon.com . Pour ce prix vous avez un vrai livre, historique, et ous n’avez pas à faire la queue sous la pluie comme au MAM). Sachant qu’il n’ y a pas si longtemps, à une récente vente aux enchères de Christies (le 5 mai 2006), 10 tirages numérotés 13/50 ont été adjugés pour la somme de $ 42 000, il est permis de demander : pour qui travaille l’exposition du MAM ? Reste à savoir si nous, en tant que spectateurs payants, voulons être complices ? Les questions éthiques ne s’arrêtent pas à l’auteur, aux diffuseurs, ou aux media !!!

André Kertész et Harry Callahan : deux expositions historiques

La première, André Kertész, est proposée au Jeu de Paume jusqu’au 6 février 2011, l’autre, Variations, à la Fondation Cartier-Bresson jusqu’au 19 décembre 2010.

Le Jeu de paume présente un parcours très historique et pédagogique, illustré par beaucoup de documents inédits en France dont de très intéressants tirages contacts d’époque (vintage) en provenance du musée d’art moderne de New York, de la galerie Pace Mc Gill (New York) et d’une collection privée. La MEP (qui collectionne) a elle aussi prêté main forte. L’exposition propose également de nombreux exemples de publication des photographies de l’auteur. Un document sous format pdf est télédéchargeable à :

http://www.jeudepaume.org/pdf/PetitJournal_Kertesz.pdf

On ne saurait assez vanter les mérites inventifs et esthétiques de l’œuvre d’André Kertész (1895-1985) devenu un maître, reconnu par ses pairs dont Cartier-Bresson, seulement quelques années après son arrivée à Paris dans l’entre-deux-guerres. Une exposition à ne pas manquer (et dire que j’y allais presque à reculons, m’attendant à voir des tirages que j’avais déjà vus et revus. Leçon : ne jamais s’arrêter à ses à priori !).

photographieLes Variations d’Harry Callahan à la Fondation Cartier-Bresson ont quelque peu, elles, confirmé mes à priori. Peu d’images inédites à me mettre sous l’œil ! Cependant de superbes tirages d’époque (là aussi des vintages) tirés par le maître lui-même. Mais tout le monde ne réside pas aux États Unis et qui plus est dans l’état de New York plutôt privilégié en matière de collections photographiques. Donc si vous ne connaissez pas l’œuvre de Harry Callahan ou si vous pensez n’en avoir pas vu assez, là aussi c’est une occasion à ne pas manquer. Comme Kertész, Callahan a une esthétique, et une poésie visuelle toute personnelle, toujours fraiche et remise en cause, toujours agréablement surprenante. C’est une très heureuse coïncidence, que je suppose voulue, de pouvoir voir, revoir et comparer ces deux œuvres. Deux vrais plaisirs.

Bon, comment terminer ce petit tour d’horizon si ce n’est en ajoutant quelques autres expositions, plus discrètes mais tout aussi plaisantes :

-    celle des éditions Steidl  à l’hôtel de la monnaie de Paris, 11 quai Conti : Quand la photographie devient livre, de Robert Frank à Karl Lagerfeld. (jusqu’au 24 décembre 2010).

-    pour ceux qui ont manqué la rétrospective organisée par le Méjean à Arles cet été : Mario Giacomelli : la matière de l’homme (jusqu’au 5 janvier 2011).

-    Mario Cravo Neto, étonnant photographe brésilien récemment décédé à la galerie Esther Woerdehoff (36 rue Falguière jusqu’au 24 décembre).

-    La rétrospective 1955-2010 du Prix Niépce (55 rue du Montparnasse jusqu’au 12 décembre).

-    Kommunalka de Françoise Huguier (jusqu’au 8 janvier 2011 au Pavillon Carré de Baudoin, 121 rue de Ménilmontant).

-    Anonymes, l’exposition du nouveau lieu associatif de la photographie à Paris, Le Bal (6 impasse de la défense, jusqu’au 19 décembre).

-    Marines, du document à l’œuvre au musée national de la marine (17 place du Trocadéro, jusqu’au 28 février 2011–sûrement plus varié et intéressant que Larry Clark dans le même quartier, et sans doute sans attente en queue au froid).

Je prie la quarantaine d’exposition que je ne mentionne pas faute de temps de me pardonner et j’invite le lecteur à se référer au « menu » du Mois de la Photo 2010 consultable et télédéchargeable sur le site de la Maison Européenne de la Photographie : www.mep-fr.org

© Bruno Chalifour, 2010.

 

(1)    Voir le superbe livre As Terras do Fim do Mundo (Les terres de la fin du monde), galerie Michael Stevenson (éditeur), Cape Town… [vendu et signé sur le stand de la galerie, dommage pour ceux qui l’ont manqué].

(2)    Au passage signalons que les tirages numériques permettront une meilleure et plus longue conservation que les tirages chromogéniques, n’en déplaise aux pourfendeurs de numérique. Pour l’anecdote je citerai les tirages 20x25 cm couleur de Stephen Shore pour l’exposition New Topographics de 1975 qui ont dû être remplacés pour la version 2009 de cette même exposition (qui va circuler en Europe en 2011 mais dont le passage au Jeu de Paume au printemps 2011 semble avoir été stupidement annulé) car les couleurs avaient viré et s’étaient délavées.

(3)    Pour l’original du texte de Clark pour Tulsa se référer à : http://www.americansuburbx.com/2010/10/larry-clark-tulsa-essay-by-larry-clark.html  .

En savoir plus sur les images

Photo 1 : Martin Parr signant à Paris Photo 2010, © Delphine Warin pour Paris Photo.
Photo 2 : Affiche du mois de la photo
Photo 3 : Jo Ratcliffe
Photo 4 : La France de Raymond Depardon / Magnum Photos / CNAP
Photo 5 : Cloître Saint Trophime, 1851 par Édouard Baldus
Photo 6 : Tulsa (1971, republié en 2000) - Larry Clarke
Photo 7 : Eleanor, par Harry Callahan

Remy Pilliard Pour en savoir plus sur l'auteur de cette rubrique
Chronique par Bruno Chalifour
Site : www.brunochalifour.com
E-mail :
Au service de la photographie depuis 2001